«L'histoire est écrite par les vainqueurs», aurait dit un jour Winston Churchill. Sur la base de mon expérience de travail pour des initiatives et des référendums, j'ajouterais: «L'histoire s'écrit sur des projets réussis». Ceci pour indiquer qu'après coup, nous aimons toujours nous souvenir de la ligne d'arrivée et préférons occulter le chemin incertain et laborieux qui y mène.
Il faut reconnaître que fêter une victoire aux urnes est une expérience merveilleuse. Je me souviens avec plaisir de la pluie de confettis qui nous a permis de fêter le succès de « l'Initiative pour les glaciers» l'année dernière. Le contre-projet du Parlement, soutenu par le comité d'initiative, s'était imposé contre un référendum – une étape importante en faveur d'une protection efficace du climat.
L'Initiative pour les glaciers a elle aussi commencé modestement. Avec un groupe de citoyen·ne·s engagé·e·s qui, en 2018, par une journée froide et humide au pied du glacier de Steing, ont fondé l'association suisse pour la protection du climat. L'écho était modeste, car la politique était alors occupée par la loi sur le CO2 qui a toutefois échoué de manière inattendue dans les urnes en 2021. La politique climatique était donc en miettes. C'est ainsi que l'Initiative pour les glaciers est devenue, presque du jour au lendemain, la dernière chance de mettre la Suisse sur les rails du zéro net.
Les initiatives qui ne peuvent pas compter sur le soutien de grandes organisations ont souvent du mal à se lancer. C'est le cas de « l'Initiative pour l'inclusion», qui s'engage en faveur des droits des personnes handicapées et qui devrait être déposée en automne 2024. Aujourd'hui, l'initiative est un projet largement soutenu et couronné de succès. Au début, c'est surtout Islam Alijaj qui s'est accroché à son rêve d'une Suisse inclusive, et ce en dépit des défaites qu'il a dû essuyer. J'ai été d'autant plus heureux qu'Islam Alijaj soit le premier parlementaire atteint de paralysie cérébrale à être élu au Conseil national en 2023.
Se souvenir des débuts difficiles aide à avoir le courage d'oser de nouvelles initiatives, et ce même face aux guerres, aux crises et aux blocages. Et de ne pas se laisser décourager quand on entend de tous côtés «c'est trop tôt» ou «ça va trop loin». D'après mon expérience, les projets anticycliques qui mettent les voiles avant que le vent ne se fasse sentir, sont les plus passionnants – et souvent les plus efficaces.
L'initiative pour une Constitution fédérale moderne que la Fondation pour la démocratie directe prépare actuellement, va elle aussi à contre-courant. Peu d'observateurs et d'observatrices peuvent s'imaginer que la Suisse pourra ainsi surmonter le blocage des réformes et parvenir à des solutions susceptibles de recueillir une majorité. Mais le nombre de personnes qui s'engagent ne cesse de croître et il semble que nous pourrons bientôt mettre en œuvre cette initiative visionnaire. Pour moi, c'est le plus beau moment – plus important encore que d'atteindre la ligne d'arrivée.
À propos de la Fondation pour la démocratie directe
La Fondation pour la démocratie directe encourage la participation politique de la population. Elle soutient les initiatives et les référendums qui s'engagent pour les droits humains, la justice sociale, l'égalité et la durabilité.
La fondation assure le fonctionnement de la plateforme démocratique WeCollect et met gratuitement à disposition des outils numériques pour le lancement d'initiatives et de référendums.
En tant que première fondation crowd de Suisse, la fondation repose sur les épaules d'une communauté croissante de citoyens engagés. Ils financent les projets en cours par des dons.
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